Elle tirait sur sa cigarette, le regard lointain. La nicotine prenait son corps, sa tête, ça l'apaisait. Et quand tout repartait, elle ne comptait plus combien elle en avait fumé. Quand le sourire reprenait place naturellement, elle écrasait les mégots et repartait en courant. Elle se faisait confiance en se disant qu'à l'avenir, elles seraient moins nombreuses. Mais elle mentait, si farouchement qu'elle était la seule à se croire. D'ailleurs, elle n'en parlait à personne, de cette dépendance. Elle ne voulait pas qu'on la voit comme ça, elle ne voulait pas faire pitié, donner l'air d'être plus fragile que la moyenne. Elle le savait pourtant, qu'elle se mentait. Il n'y aurait aucune raison, dans le futur, que tout aille mieux. Les épreuves, ça vous suit tout au long d'une vie, ça ne s'arrête pas à un certain quota, bien sur que non. Elle ralluma sa cigarette, aspira une longue bouffée pour voir le bout incandescent. Et puis sourire. Parce que c'est bête d'accorder autant d'importance, à ça. Mais ça, c'était toute sa vie. Se poser des questions sans réponses, ne pas accepter les choses sous prétexte que d'autres l'ont fait. Se battre continuellement, ne jamais desserrer les poings. Se battre pour savoir qui l'on est. Ça la perdait, bien sur, et ce n'était pas fini, loin de là. A l'avenir, ça la perdrait plus d'une fois. Et alors ? C'était elle, elle était comme ça. Passionnée, son entêtement n'avait d'égal que sa foi en la vie. Parce qu'elle y croyait dur comme fer, que ça valait la peine. C'était inscrit au fond d'elle, depuis le premier jour, le tout début ; quand elle avait ouvert les yeux. Peut être même que ça y était avant, c'était inscrit en elle, vous dis-je. Et elle avait trouvé des gens qui aimaient ça, et ça contribuait au fait qu'elle les aimait. Et elle espérait secrètement, de toutes ses tripes, qu'elle trouverait bientôt, tôt ou pas trop tard si possible, celui qui aimerait ça aussi, chez elle.
Musique du jour : * Se taire - Luke *